Peu de dépenses sont aussi importantes que l'achat d'une maison. Dans notre cas, la maison Francoeur est notre toute première maison. Nous étions emballés mais nous voulions néanmoins être prudents.
De nos jours, l'inspection est quasi-automatique. Lorsque nous nous sommes interrogés sur la pertinence, nous nous trouvions même imprudents de remettre en question le fait de faire inspecter ou non. Mais la question mérite d'être soulevée. Qu'est-ce qu'un inspecteur, avec ses techniques modernes, pourrait nous apprendre sur notre maison ? Il nous parlerait de l'état de la plomberie, de l'état du système électrique, de l'état du système de chauffage ? Nous savions déjà que des travaux importants à ces niveaux s'imposaient et en avions tenu compte dans notre offre d'achat. Il nous dirait peut-être que tout est à rénover et qu'il faut tout enlever pour mettre du gypse. Solution simple, mais qui ne va pas dans le sens d'une restauration. Il nous fallut donc déterminer nos attentes face à une inspection et surtout son impact sur notre décision. Après quelques discussions, nous avons conclu que ce qui nous importait était de détecter des problèmes structurels éventuels.
Notre but étant de faire une restauration de cette maison dans les règles de l'art et non une rénovation pour la mettre au goût du jour; nous avons choisi d'engager une personne spécialisée dans la restauration de maison ancienne au lieu d'un inspecteur traditionnel. Notre choix s'est arrêté sur Michel Martel dont nous connaissions le site http://www.piecesurpiece.com/. Nous savions qu'il offrait à l'occasion ses services comme conseiller de restauration. Nous nous somme dit que ses connaissances et son expertise dans le démontage et le remontage de maison ancienne serait d'une grande utilité pour évaluer la structure, source principale de nos préoccupations. De plus, nous aurions ainsi l'opportunité d'échanger avec quelqu'un de passionné qui pourrait nous partager ses idées et de l'information pour la restauration de notre maison.
L'inspection
Nous avions réalisé une première évaluation minutieuse de cette maison lors de la visite initiale. Plusieurs éléments d'origine s'y trouvaient et étaient encore dans un excellent état. Nous étions complètement charmés donc conscients de notre potentielle subjectivité. Il nous fallait maintenant confronter l'opinion que nous avions de la maison. Au départ, nous étions un peu intimidés, sachant très bien que les maisons sur lesquelles M. Martel travaille sont souvent beaucoup plus anciennes que la nôtre. Nous avions peur d'être les seuls à croire en son intérêt patrimonial.
Michel Martel est un passionné. C'est aussi un verbo-moteur. Rassembler ces deux éléments avec une maison ancienne et vous passerez un excellent après-midi. Compte tenu du débit important d'informations judicieuses, nous avons fortement apprécié avoir filmé le tout.
Nous avons débuté la visite par l'inspection des fondations. Il nous a tout de suite rassurés sur l'état de la structure de pierres. Les petites fentes qui nous inquiétaient étaient superficielles. Le gel et le dégel avaient simplement affecté le mortier. L'absence de chauffage depuis les 2 dernières années avait probablement accéléré le processus. Notre prochain défi a été de comprendre le système de drainage aménagé et réaménagé plusieurs fois au sous-sol. La dalle de béton, englobant maintenant le bas des murs de bois, était constituée de plusieurs épaisseurs coulées à différentes époques. Le constat final fut celui de la non efficacité du rafistolage et la nécessité d'un système de drainage adéquat. Nous avons aussi jeté un rapide coup d'œil à la plomberie, au système électrique et au système de chauffage sans trop nous y attarder en concluant à la nécessité de faire des changements.
Nous sommes ensuite montés au rez-de-chaussée. Il s'est exclamé devant le bon état de conservation des éléments d'origine: les boiseries autour des portes et des fenêtres, les planchers de résineux, les fenêtres à battant d'origine et surtout les plafonds et les murs à caisson. En fait, il nous a beaucoup rassurés. Tout est là et il ne nous reste plus qu'à la mettre en valeur.
Nous avons sollicité son aide afin de planifier la façon de concevoir la cuisine dans cette grande maison qui n'en disposait pas. Il a convenu que c'était un défi important puisqu'à l'époque, une cuisine telle que nous la connaissons n'existait pas. Il nous faudra donc trouver des solutions pour incorporer les facilités modernes dans l'esprit de la maison.
Nous sommes montés à l'étage où nous nous sommes très peu attardés compte tenu de sa ressemblance avec le rez-de-chaussée. Il a observé les traces de rabot visibles sur les planches murales de certaines chambres. Il a à peine daigné regarder la salle de bain horriblement rénovée au goût des années 1980. Ce qui a surtout attiré sa curiosité, c'est la présence de deux escaliers et de la rampe étrangement conçue près de l'escalier de service. Son œil averti a repéré les traces suggérant une ancienne trappe.
Les combles ont ensuite fait l'objet de notre inspection. La nécessité d'une ventilation s'est tout naturellement imposée. L'odeur désagréable nous a également rappelé la colonie de chauve-souris qui a élu domicile sous notre toit et qu'il va falloir déménager. Michel Martel a ensuite soulevé un point qui nous interpellait: l'isolation. Actuellement, environ 3 pouces de brin de scie représentent l'unique isolation des combles. Nous savons que les plus grandes pertes de chaleur se font au niveau du toit. Pour une isolation adéquate, au moins 11 pouces d'isolants en vrac seraient nécessaires. Pour ce faire, le plancher des combles devra être soulevé et par conséquent les solives doivent être modifiées (tout un défi !).
Pour terminer, l'aspect extérieur de la maison a été examiné. Nous pensions que la galerie qui entoure toute la maison était à refaire. M. Martel nous a plutôt encouragés à identifier les structures à réparer et à recouvrir le tout le plus rapidement possible de couches de peinture protectrices. Le mur nord de la maison, celui exposé aux grands vents, était en moins bon état. Les arbres qui poussaient très près de la maison n'aidaient en rien la situation puisqu'ils empêchaient le revêtement de sécher de façon adéquate. Des traces sur le mur montraient que des travaux de réparation avaient déjà été entrepris par le passé. D'autres seraient à venir selon M. Martel. Le toit, en bardeaux d'asphalte, nécessitera quelques réparations mineures. Pour une restauration plus réussie, il aura plutôt avantage à être remplacé par un revêtement de tôle.
Nous ne regrettons absolument pas notre choix de faire inspecter notre maison par une personne sensibilisée à la valeur du patrimoine bâti. Ses conseils judicieux nous ont donné des pistes de réflexion quant à la manière de mettre en valeur le joyau que nous nous apprêtions à acheter.
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