Autant au rez-de-chaussée qu'à l'étage, nos planchers sont en bois mous (résineux). Contrairement aux planchers de bois franc (bois dur), ils sont structurel. Cela signifie qu'ils ne sont pas apposés sur une structure existante (sous-plancher). Les murs intérieurs sont apposés dessus. Sous la planche de bois que l'on voit, il n'y a rien. Ils sont donc plus difficile à remplacer.
Lorsque nous sommes arrivés, il y avait, dans la très grande majorité des pièces, un tapis ou un linoléum de déposer (et non collé) au centre de la pièce. Autour de cet élément de décoration, on avait peinturé la partie de plancher encore visible. Lorsque l'on a enlevé le tapis ou le linoléum du centre, on a retrouvé le bois brut n'ayant jamais été traité ou peinturé.
Pour notre restauration, ce qui aurait été le plus fidèle à l'époque aurait été de choisir de nouveaux tapis et de remettre une couche de peinture en périphérie des pièces. Toutefois, nous ne sommes pas du tout amateurs de tapis et nous trouvions si dommage de ne pas mettre ce beau bois en valeur. Nous avions donc prévu de sabler les planchers au rez-de-chaussée et de peindre les planchers à l'étage.
Lorsque nous avons terminé la première chambre, nous avons fait un premier essai de plancher peint.
Nous avions choisi de la peinture ordinaire comme on en trouve dans toute les quincaillerie et nous avions choisie une couleur qui s'apparentait un peu à celle du bois. Nous avons été déçus. Les peintures d'aujourd'hui sont loin d'être aussi lustrées que les peintures d'autrefois. Sans ce lustre, la poussière s'accumule. Avec la couleur pâle que nous avions choisie, chaque petite tâche paraissait. Il nous fallait donc laver le plancher très très très régulièrement pour le garder beau. La peinture était également moins tenace. Après seulement 1 mois d'utilisation de la pièce, la peinture a déjà décollée à plusieurs endroit et des retouches seraient à faire. Il nous restait deux solutions: trouver une peinture spécifiquement conçue pour les planchers ou encore changer de stratégie: soit mettre du tapis ou encore sabler et remettre sur le bois.
Les planchers de bois mous sont beaucoup moins populaires de nos jours. Il nous a donc été beaucoup plus difficile de trouver de l'information sur la façon de faire pour les sabler. Nous avons consulter le livre de référence d'André Bolduc: L'art de restaurer une maison ancienne (aux éditions Trois-Pistoles). En ce qui concerne ce type de plancher, il suggérait de les peindre avec une peinture epoxyde ou sinon, de les sabler avec une petite sableuse à ruban. Il suggérait de procéder ainsi parce que, le plancher étant structurel, on veut éviter de l'amincir et de l'affaiblir. De plus les planches étant assemblé à rainure et languette et il ne faut pas affaiblir la joue (qui fait environs le tiers de l'épaisseur).
Nous avons donc fait des essais. Nous avons commencé par rentrer tous les clous qui dépassaient.
Puis, nous avons utilisé la sableuse à ruban avec du papier à grain 50. (La combinaison et le masque était de mise en raison de l'abondante poussière qui pouvait contenir du plomb)
La sableuse réussissait à faire le travail mais c'était immensément long avant qu'elle ne réussisse à passer à travers les nombreuses couches de peinture (probablement au plomb). Voici ce qui a été fait en 1 heure de travail:
Cela représente une superficie d'environ 3 pied carré. À ce rythme-là, un minimum de 20 heures de sablage aurait été nécessaires pour chacune des pièces. À lui seul, le rez-de-chaussée compte 6 pièces. On s'embarquait dans un travail colossal... Puis on a eu l'idée d'aider un peu le processus en utilisant un décapant chimique pour venir à bout des premières couches de peinture. C'était déjà mieux mais c'était encore très très long.
Nous avons donc décidé de faire l'essai de la sableuse à plancher commerciale. C'est un processus qui se fait en 3 étapes avec 3 instruments: la sableuse à gros, la sableuse à contour puis la sableuse de finition. Ces instruments sont disponibles en location.
La sableuse à gros utilise du papier sablé à gros grain (du 16 ou du 24). Elle utilise un principe très semblable à la sableuse à ruban mais sa superficie de travail est beaucoup plus grande (environ 30 cm de large). Elle produit une poussière qui ressemble à de la petite ripe de bois. Il nous a fallu environ 4 heures pour faire tout le plancher de la cuisine soit une superficie d'environ 200 pieds carré.
Nous avons mesuré que suite à cette étape, notre plancher était plus mince d'environ 3 mm. À la base, notre plancher mesurait 37 mm. Cela représentait pour nous une perte acceptable d'autant plus les planchers n'avaient jamais été sablés auparavant. Devant le succès de cette méthode et l'investissement en temps raisonnable que cela occasionnait, nous avons décidé de faire d'emblée les planchers de 2 chambres à coucher en plus de celui de la cuisine.
La sableuse à gros n'est pas adapté pour bien faire le contour. C'est pourquoi la sableuse à contour est nécessaire. On utilise les mêmes papiers sablé 16 et 24 avec cette sableuse. Comme elle est est plus étroite, faire une même superficie représente plus de temps. Près de 6 heures ont été nécessaires pour faire le contour de nos 3 pièces (500 pi2). Si, comme ca a été le cas pour nous, les planchers sont inégaux et que les contours sont légèrement enfoncés par rapport au reste du plancher, le travail de cette sableuse ne sera pas parfait. Une finition avec du décapant, une petite laine d'acier, des ciseaux à bois et du papier sablé à la main, sera nécessaire.
Finalement, le travail se termine avec la sableuse de finition. Un gros appareil qui doit bien peser près de 250 livres (pas évident dans les escaliers...). Plusieurs passages sont nécessaires pour rendre le planchers aussi lisse que la peau de notre bébé: papier sablé 24, 36, 60 et finalement 80. Heureusement, cette machine fait les coins. Le temps nécessaire est similaire à celui de la première machine (50 pi2 à l'heure en tout et partout)

Avant d'être prêts à danser sur nos planchers, il fallait les protéger. Trois options s'offraient à nous: le vernis, les huiles et l'huile danoise. Le vernis est le plus connu. Il offre une bonne protection contre l'eau et les égratignures. Toutefois, il est rigide alors que notre bois est mou. Il est donc à risque de craquer sous l'effet de coup sur le planchers. Un vernis craqué laisse pénétrer l'eau et l'emprisonne, ce qui crée des tâches noires sur le bois. De plus, il nécessite de l'entretien. À chaque 5-10 ans, un nouveau sablage serait nécessaire avant d'appliquer une nouvelle couche de vernis. L'huile est absorbée par le bois. Elle ne craquera pas sous les coups. L'huile étant hydrophobe, elle offrira une protection contre l'eau. tant que le plancher en sera saturé. Lorsqu'on marche nu-pied sur un plancher huilé depuis plus d'une semaine, on ne sent plus du tout que c'est graisseux. Toutefois, l'entretien nécessaire est plus important. À chaque année, une nouvelle couche d'huile doit être appliquée à grandeur (Aucun sablage). L'huile danoise est une huile à laquelle on a ajouté une part de vernis. Elle présente tous les avantages des autres méthodes mais aussi tous les inconvénients. Après réflexion et compte tenu de nos planchers structuraux, nous avons choisi l'huile de lin.Une huile peu dispendieuse et traditionnellement utilisé pour les planchers.
L'huile de lin se mélange avec un diluant dans une proportion de 50-50 avant d'être appliquée afin d'éviter les plancher gommant. Dans un premier temps, nous avons utilisé de la térébenthine mais l'odeur était telle que toute la famille a du faire du camping dans la salle à manger où l'odeur n'était pas présente. Nous avons donc poursuivi en diluant notre huile dans un diluant à peinture à l'huile inodore. L'huile de lin s'applique à la guenille ou au pinceau. Puis 30 minutes après l'application, on repasse avec un chiffon pour éponger l'huile qui n'aurait pas été absorbée par le bois. Pour toutes ces étapes, environ 1h de travail doit être envisagé par pièce. On répète l'opération à 24 heures d'intervalle jusqu'à 3 couches. Lors d'un rafraichissement (annuel), une seule couche sera nécessaire.


Le résultat est très beau mais n'est pas parfait. Certaines lignes sont visibles sur le plancher et viennent de la première machine utilisée. En rétrospective, de petits changements dans notre façon de procéder pourraient être apportés pour un meilleur résultat: repartir avec un papier plus grossier (24) lorsqu'on commence le travail de la sableuse de finition et varier les façon de délimiter les sections que l'on fait (éviter de finir toujours au même endroit qui à la longue est plus travaillée que les autres).
Sommes toute nous trouvons la finition à l'huile de lin beaucoup plus belle qu'une finition au vernis. L'huile met en valeur le veinage du bois et lui donne une petite teinte ambré qui s'accentuera avec les années